Mercure de France
Mercure de France, octobre 1758, p. 181
Mercure de France, octobre 1758, p. 181
« LE 10 de ce mois, on remit à ce Théâtre les Surprises de l’Amour, Ballet dont la musique est de M. Rameau, & les paroles de l’Ovide de notre siecle. Le succès de l’acte d’Adonis & de celui d’Anacréon étoit décidé dès la nouveauté : de ces deux actes ingénieux, on sçait que l’un roule sur une alternative semblable à la situation d’Héraclius.
Devine, si tu peux, & choisis, si tu l’oses !
Mais dans un sujet aussi galant que celui d’Héracliusest terrible : l’autre présente en action cette Ode d’Anacréon, que la Fontaine a imitée, & qu’on a mise depuis en chanson.
J’étois dans mon lit tranquille, &c.
Je ne connois rien dans le genre gracieux de mieux fait que la scene d’Anacréon & de l’Amour.
Deux tableaux aussi riants ne peuvent cesser de plaire, & le succès en est d’autant mieux mérité, que la musique semble le disputer en coloris à la poésie.
L’acte de la Lyre enchantée avoit paru foible auprès des deux autres ; M. Rameau l’a enrichi d’un morceau d’harmonie qui peint l’enchantement de la Lyre, & qui me semble digne de la jeunesse de son Auteur. Il y a joint aussi des airs de danse, sur lesquels les Muses & les Syrenes se disputent le prix. Mesdemoiselles Lany & Puvigné, l’une dans le léger, l’autre dans le gracieux, balancent le suffrage d’Apollon, qui les couronne l’une & l’autre. »